Si vous suivez un peu l'actualité du jeu vidéo (et à priori c'est le cas si vous tombez sur ces quelques lignes) vous avez certainement dû tomber sur le drama du week-end, cette photo retweetée par le ménestrel dansant la vie alias l'inénarrable Julien Chieze.
Pas besoin de revenir sur tout le bien que je pense de ce personnage, la vidéo que j'ai faite il y a quinze jours est suffisamment explicite.
En revanche, et au risque de remettre 5 balles dans la machine, je ne comprends pas pourquoi ce monsieur continue à se ridiculiser de la sorte sur internet. Il doit être le dernier des Mohicans (enfin lui et ses adorateurs) à ne pas avoir conscience qu'il est grillé dans la profession. Et, faisant feu de tout bois, il decide dans un espèce de bardoud d'honneur d'entraîner tout le monde dans sa chute.
Mais que diable sont allés faire des Anagund ou ExServ dans cette galère ? Ne nous méprenons pas: on peut être "concurrents" sans chercher à tout prix à s'éviter. Quand on se retrouve entre Français à l'autre bout du monde, à fortiori quand on fait le déplacement dans le même but, il n'est pas illogique de se taper une bouffe ensemble, fusse-t-elle aux frais de Sony.
Par contre, ne pas avoir vu venir la maneouvre du Gameblogueur est assez... fâcheux dirons-nous. Ce dernier a craché sur ses concurrents ces dernières semaines, de manière assez hystérique d'ailleurs. Et soudain, enivré par le Saké au bon goût de Doritos, il déciderait d'enterrer la hache de guerre? Allons allons.
Il semble évident qu'en publiant ainsi cette photo, il essaie de se racheter une image à bon compte en disant: "vous voyez, je suis un pourri mais tout le monde en croque". A une époque où la defiance entre la presse jeu vidéo et son public n'a jamais été aussi grande, cette situation est détestable.
Alors non, toute la presse ne se vaut pas. Gameblog, ce n'est pas Gamekult ou Jeuxvideo.com ou GameOne.
On peut effectivement s'offusquer d'un voyage de presse à moins de 15 jours de la sortie d'un jeu, voyage qui n'apportera rien au traitement de l'information et qui est financé de bout en bout par Sony. J'ai fait ce genre de voyages par le passé et cela ressemble plus à un safari encadré qu'à une réelle opportunité de découvrir de vraies informations sur un titre. Ne soyons pas faux-cul: très peu de personnes refuseraient un voyage au Japon aux frais de la princesse.
Surtout que la part des choses est faite : on prend ce qu'il y a à prendre et les RP qui nous accompagnent le savent très bien. Le but est de créer le buzz autour du produit, pas de modifier l'avis final sur le titre. Enfin si tel est le but, il faut être très con pour se laisser ainsi manipuler : il en va de sa crédibilité personnelle et de celle de son site/journal.
Non, ce n'est pas une faute de faire ce genre de déplacements. Cela se fait dans tous les médias : mode, sport, ciné, musique, etc.
Alors où est le problème ? Le problème, comme l'a relevé Thomas Cusseau sur GameKult, est l'association que l'on fait de tels voyages. Et l'erreur qu'ont faite les autres journalistes (si erreur il y a), c'est de s'afficher aux côtés de Chièze.
Le ménestrel n'en a rien à foutre du jeu vidéo. Il veut danser la vie auprès des éditeurs. Il a un plan de carrière à peine voilé et tous les moyens sont bons pour y arriver. Il surfe sur n'importe quel fait divers pour faire du clic. Gameblog est sa chose, son outil pour y arriver. Gameblog n'est pas un site de jeux vidéo, c'est une couverture. Derrière cette façade se cache un outil redoutable pour mettre en avant sa personnalité, sa personne. Le but est d'être vu, que l'on parle de lui, en bien ou en mal.
Le but est d'être omniprésent, incontournable pour enfin atterrir dans un média généraliste, son rêve.
Les exemples de compromissions sont omniprésentes sur internet. Le site n'essaie même plus de donner le change: pseudo "tests" de 3 lignes reprenant pour l'essentiel les communiqués de presse officiels, news sans aucun rapport avec le jeu vidéo, vidéos sans plus de rapport avec le média mais qui permettent à notre star de se mette en scène et en avant, traductions approximatives et bourrées de fautes d'orthographe d'articles de la presse étrangère, pseudo insiders qui enfoncent des portes ouvertes, racolage à base de believes, etc.
Quand tout cela ne suffit pas, notre homme fait la manche auprès des premiums pour "aider" le site, pour proposer du contenu de qualité, toujours plus. Des pigistes qui syphonent internet ça a un prix.
Non content d'avoir détourné un média à son unique bénéfice, il demande en plus à sa communauté de financer ses ambitions. Comme lorsque, tranquilou, il a mendié le logo de sa boîte auprès de ses lecteurs.
Il a parfaitement le droit d'être ambitieux, tout le monde l'est. Ce qui devient insupportable par contre, c'est qu'il essaie de faire croire que les autres ont les mêmes desseins que lui. Non, tous les acteurs du jeu vidéo ne sont pas des pourris. Il reste des passionnés et l'attitude de Julien ne fait que jeter le discrédit sur l'ensemble de la profession.
A titre personnel, j'essaie de parler du jeu vidéo de la manière la plus entière possible, en y mettant ce que je suis, avec mes qualités et mes défauts. Je suis sorti du "système" il y a 10 ans et ça me permet sans doute d'ouvrir ma gueule, même si je l'ouvrirais tout pareil si je faisait partie d'une rédaction. Car on peut rester correct tout en ne tolérant pas ce genre d'amalgames.
On vit une époque riche, où les internautes prennent petit à petit leur pleine place dans ce média, que ce soit à l'aide de plateformes comme Twitch ou YouTube ou via les forums de discussion. Un avis en vaut un autre. C'est justement pour ça qu'on a besoin de médias "puissants". On a besoin que des rédactions canalisent ces passions et aillent dans une direction commune, que l'on aime cette direction ou pas.
J'ai du mal à trouver mon compte aujourd'hui et ce genre d'évènements n'aident pas. Il y aura forcément des mea culpa à faire et une transparence à renforcer car à l'heure d'Internet, tout se sait,tout est scruté.
Cela devra aussi nécessairement passer par une purge. Malgré mes profonds griefs envers Gameblog, je ne doute pas qu'il reste là-bas aussi des gens de qualité (Julo), dont le travail est sapé par une (non) ligne éditoriale et par un fou furieux prêt à couler une équipe pour prêcher sa bonne parole.
Oui, c'est compliqué de dire à un ami de 20 ans que c'est un con et qu'il devrait s'en aller. Oui, dans cette période de chômage massif c'est rassurant d'aller à la soupe quitte à se compromettre plutôt que de perdre son job. Oui ça fait peur, tout simplement.
Dites-vous bien qu'il y aura un après Julien Chieze, et que quand celui-ci sera sur BFM ou bossera pour Sony, vous serez seuls pour reconstruire une crédibilité à votre site. Et certaines images peuvent ne jamais être changées. Après, il en va de l'intégrité, mais tout cela est très personnel.