lundi 6 juillet 2009

[Review] Fable 2 (Xbox360)


N.B: Article écrit le 03/02/2009

Qu'est-ce qu'on a pu rigoler avec Peter Molyneux! Sujet de vannes récurrent, il restera à tout jamais le génial créateur de Populous, mais également de Fable premier du nom, alias Project Ego. Sorte d'Itagaki occidental, la bite en moins, il nous aura bassiné pendant des années avec ses démesures égocentriques, ses leçons de développement pour finalement nous livrer un jeu certes pas inintéressant, mais à des années-lumière de la pépite ultime.


Comme le fou est persévérant, le patron de Lionhead a entrepris de remettre ça lors du passage à la XBox 360, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les crises de fou rire ont immédiatement repris sur les forums du monde entier. Alors qu'en est-il vraiment de ce second opus, est-ce que les promesses sont tenues?

Fable 2 se veut, comme le dit si bien le titre, être une fable moderne, transposée dans un monde moyenâgeux teinté d'héroïc fantasy. On ne cassera donc pas une nouvelle fois les codes qui veulent que tout RPG occidental soit un soit ersatz de Tolkien, soit de Star Wars.

L'aventure nous laisse le choix entre la destinée d'un petit garçon, Moineau (ça ne s'invente pas, et vous verrez plus bas que c'est loin d'être le nom le plus ridicule du jeu) ou de son équivalent féminin. Hormis de l'ordre de l'esthétisme, cela n'aura pas grande influence sur la suite du parcours, du moins pas sur vos stats, qui sont assez gadget, mais on y reviendra.

Nous débutons donc par l'enfance du héros, assez empreinte des Misérables de Victor Hugo, après tout autant aller chercher l'inspiration là où elle se trouve. Après une progression fluide, prétexte à se familiariser avec les commandes et à jeter les bases de la quête principale, nous nous retrouvons rapidement adolescent, et c'est là que les choses sérieuses commencent.

Il faut dire que les premiers pas laissent augurer du meilleur. L'univers est attachant et très réussi, et la progression par les mini-missions se révèle moins chiante qu'à l'accoutumée. Il y a un rythme qui fait défaut à la majorité des productions occidentales. Un bon point. Une fois adulte, on commence à ressentir les premières conséquences de nos choix: le chien que l'on a sauvé étant gosse est à présent notre fidèle allié et les gens se forgent une opinion plus ou moins positive à notre égard.

C'est autour de ce ressenti que s'articule tout le jeu. Chaque action a une conséquence, alors à vous de voir l'impulsion que vous voulez donner à votre parcours. Grosso modo vous deviendrez ou un ange, ou un démon (au propre comme au figuré puisque une auréole vous accompagnera ou alors vous aurez au contraire des cornes) et tous les moyens seront bon pour ça. La facilité vous conduira naturellement à devenir mauvais puisqu'il vous suffira de dévaliser les habitants pour vous faire de la thune, de les tuer pour faire baisser le prix de leur propriété ou encore de les brutaliser pour leur dérober leurs cadeaux. Vouloir faire le bien demandera bien plus de patience puisqu'il faudra tisser des relations et vérifier régulièrement l'opinion que les gens ont de vous via leur halo lumineux ou leur barre d'état affectif.

C'est également de cette manière que vous pourrez vous marier, après une longue séance de drague acharnée. Comme chaque habitant(e) est différent(e), il faudra prendre en compte ce qu'il/elle aime afin de ne pas offrir le cadeau qui fâche. Ce côté Animal Crossing est sympathique bien que dans les faits cela n'apporte pas grand chose hormis quelques succès à déverrouiller, pour les amoureux du concours de bite. On se concentrera donc sur la quête principale et les quêtes annexes. C'est là que les limites du jeu commencent à apparaître.

Comme je n'aime pas tourner autour du pot ni faire de grandes phrases pour en arriver au fait, je le dis tout net: le scénario est médiocre. On pourchassera Lucien, oui vous avez bien lu: LUCIEN, un mec qui a flingué votre soeur sous vos yeux et qui vous a laissé pour mort. Mais comme aucun soin n'a été apporté à l'intrigue, ce but se déroulera en trois points: 1/Recruter trois héros, 2/Infiltrer la flèche (la "base" que lucien tente de construire pour dominer le monde ha ha), 3/Tuer lucien.



Le grand méchant du jeu: Lucien. Côté charisme, Sephiroth peut aller se rhabiller


Comme leur script était pourri et que les mecs de Lionhead avaient peur que ça se voie, ils ont brodé entre ces objectifs, vous obligeant à enchaîner des quêtes annexes. Le jeu se résume donc à aller d'un point A à un point B en suivant les points lumineux (sorte de fil d'ariane de Dead Space sauf qu'ici c'est intégré), sauf que pour ne pas progresser trop vite et se rendre compte de l'escroquerie qu'est la trame principale, il arrive que vous arriviez devant un mec qui vous dira que pour continuer, il vous faut gagner dix mille points de renom car sinon il ne vous calculera pas.

Eh oui, comme dans le plus vulgaire Mario qui vous demande ses trente piécettes pour accéder au monde suivant, Fable 2 vous demande d'être people pour vous permettre de continuer votre putain de quête principale qui n'était déjà pas passionnante au départ. C'est la double peine. Déjà que normalement il faudrait vous payer pour vous récompenser de vos exploits, pour vous récompenser de suivre cette histoire merdique, mais non c'est à vous de raquer parce que tout est payant dans Fable 2 sauf que la thune peine à rentrer. Après il existe effectivement des petits boulots à faire sauf que de s'essayer à des mini-games dignes de la D.S. pour quarante pièces d'or ça saoule vite.

Le meilleur moyen d'avoir de la thune sera donc de boucler cette immonde trame principale pour finir le jeu et ainsi obtenir un million de pièces d'or et c'est seulement à ce moment que commencera la partie. Par contre dites adieu à votre chien et à votre réputation.

Dès lors vous vous demandez comment il est possible de finir le jeu sans upgrader ses armes. Si vous vous le demandez j'en suis sûr. C'est simple: on ne meurt pas dans Fable 2. Ceux qui trouvaient Prince of Persia facilité par l'absence d'écran Game Over vont trouver le jeu d'Ubi Soft hardcore à côté du bébé de Molyneux. Parce qu'ici on ne "réscusite" pas quelques plates-formes avant, avec tout à refaire. Non, on respawn au même endroit, avec les mêmes dégâts pour les ennemis, et avec en prime un effet onde de choc qui les pourrira encore un peu plus. Du beat'em all avec crédits infinis en somme.

Ce côté très facile ne me dérangerait pas outre mesure si l'on était déjà pas très largement dotés en matière d'objets de soin, de sorts dévastateurs ou de munitions infinies pour les armes de lancer. Dès lors on s'en branle complètement d'upgrader et on peut finir le jeu avec son épée de base sans problème. Cela tombe bien puisque finalement les habits ou armures récupérés n'ont qu'une valeur esthétique puisque cela influe très légèrement sur vos stats. Cela vous rapporte tout au plus de l'apparence et votre accoutrement fera plus ou moins d'effet sur la gent féminine.

Fable 2 est donc un Beat'em all déguisé en RPG tant la partie jeu de rôles est bâclée et réduite à sa plus simple expression. Ce ne sont pas les dizaines de lettres à lire qui changeront la donne tant cette impression est omniprésente. Le jeu s'offre même le luxe d'aller lorgner sur Onimusha pour la collecte d'orbes par absorption.

Les combats, avec le scénario, sont la plus grosse déception de cette suite. Si l'on prend son pied au début, on devient vite atterrés par le côté brouillon de la chose, avec des joutes qui manquent de pêche, la faute aux animations du pauvres, rehaussées par des effets bullet-time de merde et des ennemis sans charisme.



Mais alors que reste-t-il à Fable 2? Une forte identité avant tout. Le monde, bien que pas très beau (de la XBox boostée pour la plupart des décors), est enchanteur et on entre sans peine dans l'univers d'Albion, bien que l'on continue à déplorer ce côté "couloirs" réunis par des écrans de chargement. On aurait aimé un monde sans loadings comme arrive à le faire PoP par exemple. Fable 2 n'est donc pas une claque technique.


C'était ici la seule façon d'avoir des personnages non creux et un semblant de scénario


En plus de ce monde immersif, on peut compter sur certaines quêtes dépaysantes, une fois que l'on s'éloigne ou que l'on en finit avec la trame principale. Il y a mille et une choses à faire une fois que l'on a fini le jeu, et c'est là que l'on commence à vraiment prendre son pied. Et on ne parle pas ici d'objectifs secondaires à la con façon Fallout 3, mais de vraies mini-quêtes ayant un but.

Par contre il faudra être méfiant, en particulier sur le contenu téléchargeable, puisque l'île de Knothole est un véritable viol organisé, avec une quête que l'on boucle en trois quarts d'heure. Heureusement qu'en contrepartie ce DLC nous offre l'endroit le plus beau et le plus dépaysant du jeu.

Le jeu de Molyneux est donc bien parti pour diviser une nouvelle fois, car trop bâtard. Ceux qui recherchent un RPG peuvent passer leur chemin, ceux qui recherchent un beat'em all, sorte de Yakuza transposé dans l'univers de La Comté de Tolkien, aussi. Il reste donc un monde plus ou moins bac à sable, mais moins bordélique et vide que Fallout 3, dans lequel vous n'êtes pas laissé pour compte et dans lequel vous ne vous faites pas chier, livrés à vous-mêmes. Et c'est peut-être ça le plus important.

Beaucoup verront donc le titre comme un nouvel échec, mais ce serait passer trop rapidement sur les grandes qualités immersives que son monde offre. A vous finalement de savoir ce que vous recherchez.


Le verdict Ashrama: 6/10

Fable 2 corrige pas mal de défauts du premier opus, mais toujours pas assez pour être le jeu culte tant escompté. Son système de combat mou, son scénario indigeste et ses zones séparées par des écrans de chargement ne plaident pas pour lui c'est vrai. A côté de ça, l'univers est une réussite, et il y a une tonne de choses à faire qui, à défaut de révolutionner le jeu vidéo, nous immergent dans des moments et des décors inoubliable. Si c'était ça le RPG occidental: un peu moins de RPG, un peu moins de vide et un peu plus de choses à faire?






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