jeudi 17 novembre 2011

Comment je me suis sevré de l'iPhone

J'évoquais dans mon précédent billet comment j'avais enfin réussi à me passer de l'iPhone, alors que cela me travaillait déjà depuis un petit moment. Contrairement à ce que je pourrais laisser penser, ça n'a pas été facile. Car autant ne pas la jouer hater: l'iPhone est un excellent produit et le reste, mais l'avance acquise au fil des années s'est tout doucement réduite pour finir même par s'inverser. 

Mon passage à la marque pommée s'est déroulé lors de la sortie de l'iPhone 3G. Bah oui, faut pas déconner, à l'heure où n'importe quel téléphone portable proposait de la 3G+, il me semblait difficile de succomber à l'iPhone Edge qui ne proposait guère de révolution hormis un super jeu de solitaire ou une calculatrice qui en jetait plein la gueule. Bon d'accord mon Samsung Player Pixon était un peu ridicule à côté, mais au moins il me permettait de regarder la TV en 3G, et donc de suivre les Grand Prix de Formule 1 au travail. L'iPhone a mis longtemps avant de proposer la TV d'ailleurs, un peu comme pour les MMS ou autres "petites" choses du quotidien que l'on pensait définitivement acquises en matière de téléphonie.

S'est ensuivie une phase d'amour. D'accord, je savais que je n'avais toujours pas la TV, ou alors que les opérateurs en profitaient pour m'arnaquer avec une nouvelle option TV qui se superposait à mon option TV actuelle pourtant déjà illimitée mais bon "vous comprenez l'iPhone est un produit spécial, il ne peut pas recevoir la TV de votre forfait 3G, techniquement c'est différent alors vous devez payer 8€ pour un autre forfait TV 3G qui sera lui compatible avec l'iPhone bien que votre forfait 3G actuel soit déjà compatible mais bon je récite mon texte par coeur car en fait la raison est qu'on va se faire plein de fric sur le dos des nerds qui ont les moyens de se payer l'iPhone". La suite vous la connaissez: l'iPhone a "inventé" les forfaits hors de prix et illisibles, c'est aussi ça la révolution.

Mais bon, restons dans l'amour. Il y a eu aussi un système simple. Limité, mais simple. Il y a eu la géniale sauvegarde façon Time Machine dès que l'on synchronisait. En théorie elle fonctionnait nickel, mais lors de certaines mises à jour majeures dans le meilleur des cas elle se contentait juste de tout vous remettre avec du bordel dans vos icônes et dossiers, dans le pire des cas vous perdiez photos, contacts, notes et quelques autres trucs pas importants du tout dans la bataille.

Il y avait la stabilité du système. On ne pourra jamais retirer ça à l'iPhone. Peut-être quatre ou cinq plantages en plus de trois ans, c'est peau de zob. Là aussi c'était avant l'arrivée de iOS 5. Oui le système était simple, oui le système était stable, mais quelquefois certaines applis basiques (quand je dis basiques je parle de codage software digne d'une montre LCD de mauvaise marque Chinoise) telle que l'horloge ne fonctionnaient pas. Je parle bien évidemment du fameux incident de l'alarme réveil.

En fait, pour chaque côté positif du système, il y avait toujours un revers de la médaille, revers que l'on était prêt à accepter car l'expérience utilisateur était dans l'ensemble satisfaisante et que surtout la concurrence était à des années-lumières. Et c'est bien ça la force de l'iPhone. On peut être anti-Apple à 500%, il faut se rendre à l'évidence: il y a un avant et un après iPhone. Et c'est quelqu'un qui utilisait un HTC Diamond qui vous dit ça (avec le recul, je me demande comment j'ai pu endurer autant de souffrances).

Oui, avant l'iPhone je changeais de téléphone tous les trois mois environ, gros geek oblige. L'iPhone est le premier produit que j'ai conservé un an sans jamais ressentir le besoin de changer. Et si on compte ses itérations (3GS - 4), j'ai passé un peu plus de trois ans avec l'iPhone. Un record absolu pour moi. Pourtant, dès la sortie du 3GS, j'ai eu des envies de changement. Android commençait à proposer quelque chose d'enfin acceptable et le Samsung Galaxy S était présenté. Sur le papier que de promesses: décodage de presque tous les formats vidéo en natif, écran sublime, stockage de masse,...

Ca ne m'a pas empêché de repartir pour un tour parce que toutes ces promesses se sont plus ou moins évanouies. Oui le Galaxy S, comme bien d'autres, était un super produit, mais il y avait toujours des petits problèmes comme de nombreux plantages, une trop grande fragmentation des versions, des soucis d'autonomie, une moins bonne réactivité du tactile, etc...

Apple a enfoncé le clou avec l'iPhone 4 et son Retina Display. Je pensais à ce moment-là mon destin scellé pour de bon. Je ne m'en plaignais pas et en même temps l'idée de devoir passer encore de nombreuses années enfermé dans ce système me faisait flipper. Je remarquais les 0,79€ des achats Apple Store s'accumuler pour arriver au final à un chiffre non négligeable et cherchais en vain une porte de sortie. J'ai donc laissé filer, résigné mais en même temps heureux de mon choix. Puis tout se bouscula.

Il y a eu plusieurs effets conjoints qui se sont bousculés. Tout d'abord, Android montait en puissance. Oui, Google a fait du bon travail et certains acteurs comme Samsung, Motorola ou HTC ont proposé de très bonnes expériences utilisateur. Les éditeurs d'applications se sont mis à jouer le jeu et on retrouvait peu ou pro avec la plupart des applications iPhone sur Android, ou en tout cas leur équivalent. N'oublions pas non plus Microsoft et son Windows Phone 7 très réussi, à mi-chemin entre iOS et Android avec son interface Metro de toute beauté.

Ensuite, il y a eu le ralentissement Apple. Nintendo pourra vous le dire: quand on est au sommet, on a tendance à se reposer sur ses lauriers, à penser que tout est acquis et à devenir arrogant. C'est à ce moment-là que l'on se contente d'évolutions mineures, voire même de proposer moins que les autres pour plus cher. Le personnage de Steve Jobs y est sans doute pour beaucoup, mais l'image d'Apple s'est considérablement dégradée dans mon esprit lors de l'année 2011. Déjà avec ses procès à répétition. Et là on pense immédiatement à Samsung. 

Soyons clairs: je ne suis pas un adorateur de Samsung dans l'absolu, et de nombreux produits de la marque m'ont sérieusement gonflé, à commencer par le Galaxy S ou toute la gamme des Player, mais cet acharnement aurait presque réussi à me le rendre sympathique dans l'absolu alors que Samsung est une société tentaculaire également avec de grosses zones d'ombre sur certaines pratiques j'en conviens.

Car oui mettons-nous d'accord: l'interface Touch Wiz est clairement une repompe de l'interface iOS, de même que le form factor du Galaxy S est clairement inspiré de celui de l'iPhone 3G/GS. Je considère pour ma part cela d'autant plus ridicule que s'il y avait bien un truc à ne pas copier sur l'iPhone c'est bien sa grille d'icônes, devenue immonde au fil des années. Ceci dit, une fois que l'on voulait bien gratté au-delà de cette interface, il était tout aussi de mauvaise foi d'affirmer qu'Android et iOS c'était pareil.

Pourtant, Steve Jobs en est devenu malade, littéralement fou. Il voulait vouer tout l'argent d'Apple à la destruction d'Android comme il l'a raconté dans sa biographie. Lui qui aimait tant "s'inspirer" de ce qui se faisait ailleurs ne supportait pas que l'on s'inspire à son tour. Oui, Samsung a copié ce qui marchait. J'ai envie de dire que c'est là toute l'histoire du commerce. De mémoire, c'est Samsung qui ont été le premier à proposer le double écran sur les téléphones à clapet (un écran interne et un écran qui affiche l'identité de l'appelant sur la face avant), double écran qui est devenu un standard et qui a permis à Motorola d'exploser avec le fabuleux Razr.

Tout cela n'a pas défrayé la chronique et je trouve même cette émulation saine. Ca crée des standards et au final l'utilisateur final y gagne en choix. Apple peut être fier: il restera dans l'histoire pour avoir réinventé le smartphone, alors que ce marché n'était pas son secteur d'activité. C'est déjà une prouesse énorme et un gage de génie. Dès lors pourquoi vouloir pousser le bouchon jusqu'à étrangler la concurrence? Littéralement étrangler puisque les avocats d'Apple allaient même jusqu'à retoucher les photos des produits Samsung pour mieux les faire correspondre aux dimensions des produits Apple.

Une guerre ridicule, déclenchée par un Apple aveuglé par le succès alors que pendant ce temps-là les utilisateurs pleuraient pour un peu plus de liberté ou de fonctionnalités. Oui, tout cela a eu un impact non négligeable et peut-être même décisif dans mon choix final car en tant que consommateur je veux avoir le choix et je veux qu'Apple, Samsung, Google ou n'importe qui d'autre dépense son argent dans la recherche plutôt qu'auprès de cabinets d'avocats dont le but est d'empêcher le voisin de sortir son produit. Pour la première fois, la Apple conquérant me donnait l'impression d'être aux abois. Il ne menait plus la danse, était en panne d'idées et se devait de stopper l'hémorragie d'une façon ou d'une autre. C'est d'autant plus stupide qu'il n'y avait pas d'hémorragie: les chiffres de vente vont de record en record et à l'heure à laquelle vous lirez ces lignes, ce sera sans doute toujours le cas.

Vint ensuite l'expérience Apple en elle-même et son inénarrable iOS5 couplé à la non-sortie de l'iPhone 5. Ce n'est pas qu'iOS5 soit un ratage complet, mais il affiche quand même par bien des points un amateurisme assez incroyable quand on connaît l'exigence d'Apple. Il y a bien ces petites idées piquées à gauche ou à droite chez Google ou RIM, mais rien de révolutionnaire qui redéfinirait l'OS qui donnait pendant un temps le la. La sortie de l'iPhone 4s est une incroyable fuite en avant, une mise à jour hardware qui tranche avec le discours officiel de Steve Jobs qui fustigeait les dual core de la concurrence, en disant que la seule chose qui importait était l'expérience utilisateur. On l'occurrence, la seule expérience des utilisateurs avec l'iPhone 4s, c'est celle d'une régression de la batterie, d'un SIRI bancal et de quelques mises à jour cosmétiques. Oui, les dual core c'est le mal quand c'est sur des Androphones, mais ça devient magique sur les appareils Apple. Classique.

Là où est venu le coup de grâce pour ma part, c'est avec la partie extérieure du téléphone. Pas le design, je suis un fervent défenseur du design carré de l'iPhone 4, un design qui lui donne une impression de qualité et de solidité. D'accord, pour la partie solidité c'est juste une impression car le choix du verre est très clairement catastrophique pour un engin de la vie courante qui risque à tout moment le Game Over suite à une chute. Je veux parler de l'écran. Une taille qui plafonne à 3,5 pouces en 2011 ce n'est juste plus possible, même lorsqu'on s'appelle Apple. Si on peut légitimement trouver les 5,3 pouces d'un Galaxy Note excessif, la taille de 4 semble devenue un standard en dessous duquel il est difficile de descendre, peu importe la résolution. L'expérience web et vidéo devient vite fatigante sur un si petit écran.

Oui, cette taille d'écran aura sans doute fait basculer mon choix, en la cumulant à un iOS5 très bancal, et d'autres petites absences qui irritent profondément après tant d'années, comme une simple radio FM par exemple. Apple ne m'est plus apparu comme le grand constructeur paré d'innovation qu'il était à ses débuts (dans la téléphonie j'entends). L'arrogance et le mépris affichés, couplé à une expérience elle-même terriblement en retrait ont eu raison de ma patience.

Dès lors, il ne fallait pas non plus quitter le navire par défaut, il restait à faire un choix. L'Android d'il y a quelques mois ne m'aurait pas poussé à consommer le divorce. Windows Phone 7 m'intéresse énormément sur le papier, mais premièrement je n'ai jamais pu m'y essayer (ça devrait venir prochainement grâce à un partenariat avec Microsoft et Nokia), et ensuite quelques restrictions me freinent un peu, comme le nombre d'applications disponibles, le couplage avec Zune, Bing non négociable et enfin l'absence de mémoire SD, faisant plafonner les Windows Phones à 32 Go dans le meilleur des cas.

Comme je ne suis pas fan des autres OS et que je considère que les 3 OS majeurs seront à terme ceux de Google, Apple et Microsoft, je me suis naturellement tourné vers Android, surtout que j'étais en terrain connu. Le Samsung Galaxy Note m'a convaincu et jusqu'à présent je m'y tiens. Je n'aborderai pas dans ce papier les spécificités d'Android, mais j'ai pu trouver ce que je recherchais, aussi bien au niveau de la taille d'écran, de la liberté dans les Podcasts, de la gestion de fichiers, de téléchargement, des options de partage, de l'autonomie, de l'intégration de Google Docs et des autres services Google en général, de la qualité de finition, du choix au niveau des applications,...

Après, hors de question de passer d'un excès à l'autre. Je suis aujourd'hui sur Android, mais je peux très bien être demain sur WP7 et après demain sur iOS. Je ne ferme aucune porte, pas même celle d'Apple, mais il faudra travailler d'arrache-pied sur l'iPhone 5: écran enfin digne de ce nom, OS qui laisse une place à la personnalisation et aux widgets, radio FM, pas de limitation data pour le téléchargement d'applications/podcasts en 3G+, conception solide et non plus juste élégante,...

Le fait est que pour la première fois depuis quatre ans, j'ai enfin le choix. Le choix de rester sur Android en choisissant mon constructeur et sa surcouche, le choix Microsoft, le choix Apple, le choix RIM, bref le choix. Ca a l'air con comme ça, mais lorsqu'on en avait perdu l'habitude on redécouvre les bienfaits de la liberté. Sevrage réussi.

1 commentaire:

  1. Comme je me reconnais bien dans ton parcours smartphonien. J'ai suivi quasiment la même voie, et je finis moi aussi chez Samsung, en ayant commandé le Note ce matin-même.

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